lundi 9 juillet 2012

Plagiat : lettre ouverte à Grazia



Cher Grazia,

Peut-être ne le sais-tu pas, mais avant ta série sexo de cet été intitulée « In bed with... », il a existé un concept de billet sexuel de haute volée sociologique, très drôle, riche en conseils, en allusions, en jeux de mots, en aphorismes et en clins d’oeil pour toutes les bouches et pour toutes les bourses. Originellement connue sous un titre qui se veut un hommage à un film à peu près culte, « Tout le monde n’a pas la chance d’avoir un amant (trois petits points) », cette série écrite à quatre mains illumine, depuis deux ans déjà, les blogs respectifs de BritBrit Chérie, déesse des blogs féminins, et d’Angelina, pondeuse occasionnelle de petites fables. A ce jour, notre productivité a déjà commis un mode d’emploi de l’amant communiste, l’amant écolo, l’amant geek, l’amant de droite, jusqu’à un amant grec manifestement très inspirant. 


Quelle ne fut donc pas notre surprise de découvrir cette semaine dans tes pages, ce guide de survie sexuelle chez nos amis Grands Bretons rédigé par une journaliste très documentée sur les moeurs de nos cousins d’Outre-Manche. 

Cet article qui décortique le parcours de la combattante française (ta lectrice) ayant la distrayante idée de vouloir pécho de l’English, utilise sans aucune autre forme de procès et donc sans gêne, notre concept de l’amant testé et passé au crible de notre sagacité. 

Quoique de l’avis général beaucoup moins drôle et beaucoup moins chiadé au niveau de l’écriture et des références culturelles, ce « In bed with... » est, selon nous, une grossière déclinaison de notre série coquine malgré un découpage par thèmes – lorsque nous sommes plutôt dans la thèse-antithèse – qui ne trompe personne. 

Que ta journaliste, en mal d’idées et de propositions pour remplir tes colonnes de sexe à deux balles et pas drôles, soit tombée sur l’un de nos billets va sans dire. Qu’elle s’en soit inspirée pour maintenir son taux de production rédactionnelle et insuffler un semblant de créativité dans tes pages n’est ni répréhensible ni honteux. Quoique.

Ce qui est par contre tout à fait scandaleux, c’est de n’avoir aucune imagination, de saupoudrer deux ou trois pauvres blagounettes, deux ou trois allusions à de vagues statistiques dont la source n’est même pas indiquée, dans un article plat qui distille plus l’ennui que l’envie de coucher avec un Anglais ou quoi que ce soit d’autre. Note que nous avons la décence de ne pas évoquer les effroyables clichés et contrevérités véhiculés ici et là. 

Se faire voler une idée n’est jamais agréable et peut-être devrions-nous le prendre comme une forme d’hommage à notre fécondité plumitive. Mais se faire bassement copier une idée brillante et drôle pour se retrouver vulgairement collées à la va-vite, sans joie et sans imagination, nous a fait sortir de nos gonds. Ce n’est pas que nous ne soyons pas prêteuses, mais tu trouveras cela peut-être idiot, nous aimons que le fruit de notre travail soit respecté un minimum.

Après maints tweets rageurs dont tu trouveras le détail ci-après, adressés à ton community manager, le sommant de s’expliquer, nous sommes actuellement toujours dans l’attente d’une réponse. Peux-tu nous rassurer sur son état de santé ? Est-il en vie ou simplement planqué dans le bureau du service juridique ?

Ce silence en unique retour, nous avons pris le parti de t’adresser cette lettre ouverte pour te sommer de reconnaître ce grave manquement déontologique et de t’expliquer sur ce dérapage inacceptable.
Premièment, ce concept de « In bed with... » est parfaitement naze et nous te conseillons vivement de corriger le tir, en faisant de nous des consultantes aguerries. Nous sommes prêtes à discuter pacifiquement des conditions (financières) autour d’une piña colada,

Deuxièment, nous ne sommes pas loin de te pourrir la vie, de ruiner ta (e-)réputation en entraînant derrière nous tout ce qui compte de lectrices 2.0 averties et tendance et de sympathisants absolument convertis au pouvoir de notre verve. 

Enfin, troisièmement, sache que sans réponse de ta part, nous nous verrons dans l’obligation d’engager des poursuites qui seraient une redoutable publicité pour toi et un formidable tremplin médiatique pour nous. 

Nous ne saurons donc que trop te conseiller de vite entrer en contact avec nous, que ce soit en publiant un mega mea culpa sur ta couverture façon « parution judiciaire » dans Voici ou en proposant un excellent contrat de collaboration à BritBrit Chérie qui est la fille naturelle d’AGA et qui n’attend que son départ à la retraite pour exploser. 

Nous laissons désormais le champ des négociations ouvert à défaut de quoi, nous serions dans l’obligation de choisir une des armes précédemment citées. Dans cette attente, nous te souhaitons une très bonne réflexion avec ta DRH, ton directeur financier et ton assistante juridique.

BritBrit Chérie & Angelina









in: In the mood for anger

19 commentaires:

dolpi a dit…

De la contrefaçon qui manque de Grâce...

Grazia, tu me déçois. C'est du vol. Du vol. Sans envolée lyrique, mais du vol ---- de bas étage, à l'étage du sous-sol, là où trainent les cafards et la vermine. Comme je le dis souvent : la planète n'a pas besoin de nous. Après nous et notre disparition climatique, la planète sera encore là. Sans nous. Mais avec, grouillant, pestiférant, se répandant de plus belle en poubelles un peu partout, les seuls êtres vivants qui auront survécu comme la vermine, les cafards, et certains journalistes de Grazia.
Sérieusement, sans aller jusqu'au pugilat, certes, le concept d'Angelina et BritBrit Chérie n'a d'extraordinaire que la fraicheur qu'elles y insufflent. Je veux dire par là : ok, peut-être que le concept de listing anglé genre "avec qui et comment coucher ce soir" a dû bien exister quelque part avant. Mais je pense que du côté de BritBrit Chérie et d'Angelina, il s'agisse que de réminiscence. C'est-à-dire, leur "TOUT LE MONDE N'A PAS LA CHANCE D'AVOIR UN AMANT..." si c'est de l’imitation, ça doit être inconscient. Tandis que chez Grazia (un de mes féminins préférés jusque là), on peut se demander si le Gang des Postiches n'avait pas plus de class quand il braquait les banques et autres coffres à trésors. Ou quand les nazis spoliaient les Juifs. Ok, stop. Je m'emporte, revenons à la métaphore du vol d'art contemporain.
Pour Angelina et BritBrit c'est de l’imitation (voir du renouveau), mais pas de la contrefaçon. En quelques mots, dans son article "in bed with..." Grazia a fait la même chose, vraiment, la même, (quoi qu'en dise Angelina... c'est la même chose) mais sans la class de nos deux Ocean Eleven. D'un côté, les voleurs de bas étage même pas minables, et de l'autre : deux violées à qu'on aurait pu tout simplement engager. Franchement! Pour le prix que vous payez la pige! Non mais...
La question que je me pose finalement, c'est comment Angelina et BritBrit pourraient réagir avec class? En fait, je serai heureux de lire un "TOUT LE MONDE N'A PAS LA CHANCE DE COUCHER AVEC... UNE VERMINE QUI ECRIT CHEZ GRAZIA".

Céline a dit…

C'est certain que votre idée est tellement extraordinaire que la journaliste en question, en panne d'inspiration peut-être, n'a pu QUE s'inspirer de vous. Le fait est qu'elle est payée pour faire de la merde, tandis que vous, n'avez pas "breveté" votre super concept trop ouf qui tue.

Je pense que Grazia n'a pas eu besoin de vous pour faire de la merde, et, plutôt qu'un coup d'épée dans l'eau, faites vous publier, là, vous aurez une légitimité.

En attendant, vous êtes ridicules à hurler comme ça au plagiat.

Angelina a dit…

Merci dolpi pour ce fabuleux commentaire qui confirme bien notre intuition : Grazia n'est pas un journal, à peine une photocopie.

Angelina a dit…

@Céline : bravo pour cette démonstration de ton humour à toute épreuve !

britbrit Chérie a dit…

@Céline : c'est sûr que les 500 visiteurs qui viennent lire nos blogs tous les jours ne nous procurent aucune légitimité... On leur passera ton message.

Lune a dit…

Je suis du même avis que Céline. Votre idée n'est en rien originale, et j'ai l'impression d'avoir déjà lu ce que vous avez produit dans des magazines féminins il y a plusieurs années.

Angelina a dit…

@Lune : Impression n'est pas raison pourtant. Merci de nous mettre les liens si tu trouves...

Anonyme a dit…

C'est d'un ridicule ce délire au plagiat !

Votre idée n'a rien de particulier ni de suffisamment original pour justifier d'un plagiat.

En réalité vous avez juste de l'amertume non ?
Celle de vous rendre compte que vous offrez gratuitement des choses alors que d'autres (les journalistes) elles sont payées pour faire la même chose.

En moins bien ou en mieux finalement peu importe, l'important étant que elle, elle est payée et pas vous.



Le fait est que si vous vous estimez lésée c'est surtout de prendre conscience que le tout gratuit a ses limites.

Celle de ne plus vous convenir.

Ceci dit je vous donne un conseil : votre idée de l'amant est tellement ringarde et nulle, pitié, évitez de trouver un éditeur pour publier une merde pareil.


Sur les brocantes, y'a des milliers de livres dont on se dit qu'ils ne justifiaient pas qu'on abatte un arbre pour eux.
Ayez pitié pour eux.

Et pour le "plagiat" de Grazia, vous donnez plus l'impression d'être grotesque qu'autre chose.

Prenez de la distance et relativisez.

Anonyme a dit…

je viens de lire vos fables sur les amants et en fait je confirme mes propos du com' juste avant : c'est nul.

N'ayez pas les boules d'avoir été plagié, votre concept n'a aucun intérêt.

Il est banal.

L'amant radin
l'amant libertin
L'amant...

y'en a régulièrement dans les magazines.

Et c'est souvent plus drôle d'ailleurs.

Angelina a dit…

En tout cas cher Anonyme, je suis ravie de constater que tu es capable de déployer autant d'énergie pour qu'on n'abatte pas un arbre !

Anonyme a dit…

J'écris très vite, quand je me ballade sur internet je lis, et hop réponse.

Pas besoin de plus d'une minute. Pas besoin d'énergie dans votre cas, juste du bon sens.

aragorrn a dit…

En dehors du débat pour savoir si c'est mal ou pas, je pense que c'est légalement difficilement défendable. A moins de retrouver des paragraphes complets recopiés mot pour mot, il sera dur de prouver le précédent.
Sans compter que Grazia a probablement un service juridique béton déjà bien occupé par la gestion des droits photos.
Au niveau nombre de lecteurs Grazia tire à 300 000 exemplaire en moyenne, à comparer avec vos stats google (que je ne connais pas), mais pareil que précédemment, je pense qu'ils sont un peu habitués. Sans vouloir évidemment vous comparer à elles, je pense que le comunity manager reçoit des centaines de mails, tweets etc... par jour de filles qui sont mécontentes à propos du contenu des articles ou photos.
Bonne chance quand même.

Anonyme a dit…

En fait, là où votre démarche n'aboutira à strictement rien c'est qu'en fait le concept de l'amant ci l'amant là, n'est pas un concept que vous avez inventé.

Il a toujours existé

on tape sur google, on en trouve des floppées.

http://blog-desir.vivolta.com/2011/02/attitudes-gestes-rencontres-hommes/


Après, il suffit de remplir les cases en fonction de son inspiration.

Ou de varier le profil toujours ne fonction de son inspiration.

Angelina a dit…

C'est faible comme lien !
Dommage pour quelqu'un qui avait écrit un commentaire aussi drôle.

Guillaume a dit…

Chère Angelina,
Chère BritBrit,

Pardonnez-moi d'avoir raté vos tweets, et surtout d'avoir manqué à vous répondre dans les temps.

Grand merci à vous de vous inquiéter de mon état de santé, je vais bien, même si je croule, comme certaines de vos lectrices ont pu le signaler, sous des centaines de centaines de tweets, mails, messages directs, commentaires and Co à traiter. Car si CM de Grazia je suis, je le suis également pour les 28 titres magazine de notre groupe.

Mais ceci n'excusant rien, recentrons nous sur le problème que vous évoquez. N'étant pas le rédacteur de l'article, je ne saurai vous répondre directement, mais je peux vous assurer que cette fois-ci, la journaliste rédactrice de cet article a reçu vos messages, et ne manquera sans aucun doute d'y apporter une réponse.

Cordialement,

Guillaume (@guim)
Community Manager Grazia

PS : Comme vous, j'adore la piña colada ;-)

Anonyme a dit…

Tout d’abord, bravo. Deux ans et quatre mains pour « commettre » 5 billets : c’est effectivement impressionnant. Il s’agit, sans nul doute, de l’un des éléments expliquant l’empreinte impérissable qu’ils ont laissé dans l’histoire du blogging. Mais la quantité n’explique pas tout.

Il y a la verve. Prenez, par exemple, votre texte intitulé « Tout le monde n'a pas la chance d'avoir un amant grec », qui vous semble avoir plus particulièrement inspiré l’article de Grazia.

Habile détournement des clichés (Demis Roussos, Niko Aliagas, sirtaki, moussaka, homosexualité), jeux de mots novateurs (tourner au yaourt « à la grecque », poires « bel hellène », bourses d’Aristote Onassis) : à l’heure qu’il est les rédacteurs de l’almanach Vermot doivent être en train de se pendre, dévorés par la jalousie.

La rédactrice de Grazia a dû connaître les mêmes affres. Il faut l’imaginer, pantelante devant un tel déferlement d’esprit et d’imagination. Comment résister ? Comment ne pas vouloir, par le plagiat, rendre maladroitement hommage à votre plume enlevée ? Passons. Il y a plus grave. Car c’est d’un vol de concept dont nous parlons. La grande idée, la voilà : parler sur un mode humoristique de la gente masculine en la répartissant dans différentes catégories : profession, origine, aspect, profil psychologique, etc., etc. Une sorte de typologie établie selon des critères variés. Quelle révolution dans le contenu de la presse féminine ! Aussi fou qu’un supplément « spécial immobilier » ou « la vérité sur les francs-maçons » le serait pour la presse magazine généraliste !

Bref. Soyons sérieux. Votre perception de la réalité est altérée par l’immense aigreur qui inonde vos propos. Des silos de bile, un pas de deux pathétique entre la menace et le racolage, des tentatives d’humour plus qu’embarrassantes. Aucun journaliste ne s’inspirerait de vos écrits sous peine de flinguer sa carrière. Votre « concept » est au cœur de la presse féminine depuis toujours. Même l’intitulé de votre billet est différent de celui de l’article de Grazia. Le seul élément de plagiat est l’usage de l’alphabet latin.

Vous essayez d’avoir du style. Vous essayez d’être drôle. Vous essayez d’être originales. Le résultat évoque un cul-de-jatte se lançant dans un numéro de claquette.

Les insultes que vous vous permettez de proférer à l’égard du magazine Grazia et de l’auteur de l’article sont écoeurantes et injustifiées. Si vous aviez un éclair de lucidité, vous devriez présenter vos excuses à la journaliste en question, et réfléchir à l’usage que vous faites de vos claviers d’ordinateur.

À propos, avez vous entendu parler des notions d'injure publique et de diffamation ? Un conseil, renseignez vous.

Cordialement,

Dorothée

Angelina a dit…

@Dorothé : une piña colada ?

Anonyme a dit…

Dorothée vient de m'apprendre qu'avec un peu d'entraînement, on pouvait dégueuler loin, de manière désintéressé et... en commentaire de blog.
Une prouesse épatante.

Mathieu

Angelina a dit…

Merci Dorothé pour ce commentaire bien senti.

Je ne vais pas répondre point par point, les lecteurs jugeront au moins de l'intérêt qu'a provoqué cette lettre ouverte à Grazia à la longueur de ton commentaire.

Pour ma part, je suis ravie de constater que Guillaume, le Community Manager de Grazia à plus d'humour que toi.

Cela dit, c'était joliment écrit. vénimeux mais instructif.

Merci encore pour ton soutien et pour ton intérêt.